Traduction d’un article de Boaz Sobrado publié sur Decrypt.co le 4 décembre 2020 : Comme une grande partie du reste du monde, Cuba traverse depuis quelque temps l’une de ses pires crises financières. Mais la situation particulière du pays pourrait ouvrir la voie à une plus large adoption de Bitcoin par les cubains. Les Cubains subissent un niveau élevé de censure financière, ainsi qu’une inflation galopante. En outre l’accès aux devises étrangères a été fortement réduit cette année en raison de la COVID et des sanctions américaines. Cela a accru l’attrait des cryptomonnaies, perçues comme des réserves de valeur résistantes à la censure. L’utilité d’une technologie résistante à la censure n’est peut-être pas claire pour les
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Traduction d’un article de Boaz Sobrado publié sur Decrypt.co le 4 décembre 2020 :
Comme une grande partie du reste du monde, Cuba traverse depuis quelque temps l’une de ses pires crises financières. Mais la situation particulière du pays pourrait ouvrir la voie à une plus large adoption de Bitcoin par les cubains.
Les Cubains subissent un niveau élevé de censure financière, ainsi qu’une inflation galopante. En outre l’accès aux devises étrangères a été fortement réduit cette année en raison de la COVID et des sanctions américaines. Cela a accru l’attrait des cryptomonnaies, perçues comme des réserves de valeur résistantes à la censure.
L’utilité d’une technologie résistante à la censure n’est peut-être pas claire pour les personnes vivant dans les économies avancées, mais elle l’est parfaitement pour les Cubains. Cuba est un pays où les gens vivent sous une censure financière oppressive. Cela est en partie dû au gouvernement communiste qui régule de façon strictes les entreprises privées et ce que les gens peuvent faire avec leur argent, mais c’est aussi dû à la censure imposée par l’embargo américain, qui rend presque impossible les transactions internationales pour les Cubains « ordinaires ». Tout récemment, l’administration Trump a annoncé des mesures qui ont forcé Western Union à cesser ses opérations à Cuba ce mois-ci, empêchant les Cubano-Américains d’envoyer des fonds à leur famille.
Cette mesure arrive au pire moment possible.
L’économie cubaine devrait se contracter de 8% en 2020, après une performance déjà faible en 2019. La COVID-19 a entravé deux secteurs importants : le tourisme et les « remittances » [envois de fonds]. L’aéroport de La Havane a été fermé de mars à novembre. Les transferts de fonds des États-Unis vers Cuba ont chuté d’environ 50%, passant de 6 milliards de dollars en 2019 à 3 milliards de dollars en 2020.
Ajoutons à cela que les tentatives de réforme du gouvernement ont conduit aux premiers stades de l’hyperinflation. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de plusieurs multiples au cours de cette année et les pesos cubains échangés au marché noir contre des dollars américains ont perdu la moitié de sa valeur au cours des 12 derniers mois.
Dans les années 1990, lorsque l’inflation était endémique à Cuba, les Cubains cherchant à préserver la valeur de leur épargne se tournaient vers des devises étrangères fortes telles que le dollar américain. Cependant, la COVID-19 a détruit le tourisme, qui était pour la population l’une des principales sources de devises fortes.
Aujourd’hui de nombreux Cubains cherchent de nouveaux moyens de recevoir de l’argent de l’étranger et préserver la valeur de leurs économies, et ils se tournent de plus en plus vers les cryptomonnaies. La popularité de Bitcoin dans Google Trends est à un niveau record. De nouveaux services, tels que Bitremesas.com, permettent aux Cubano-Américains d’envoyer facilement de l’argent chez eux en utilisant des cryptomonnaies : les Cubano-Américains achètent des bitcoins aux États-Unis qui seront vendus aux enchères à Cuba. Ils aident ainsi leurs amis et leur famille à payer leurs factures et à acheter de la nourriture tout en permettant à d’autres Cubains d’acheter des bitcoins pour préserver leur capital ou faire des transactions avec le monde extérieur.
La plupart des Cubains préféreraient conserver des dollars américains, qu’ils soient numériques ou physiques, comme le font de nombreux Vénézuéliens. Mais ils y ont difficilement accès, et quand ils parviennent à en acquérir, ils s’exposent à la saisie de leurs fonds – soit par les autorités nationales dans le cas des billets, soit par les institutions financières appliquant les sanctions américaines.
Pour toutes ces raisons, et c’est là une grande ironie du XXIe siècle, l’un des premiers pays qui adoptera largement Bitcoin et d’autres cryptomonnaies pourrait être un pays communiste où l’âge moyen des automobiles est supérieur à celui des habitants.