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Faire des NFT artisanaux sur Bitcoin – 2) Cas pratiques

Summary:
Dans le précédent article, j’ai défini ce qu’était un NFT, un événement historique documenté et démontrable à l’aide de la cryptographie, inscrit et horodaté sur une blockchain. Dans cette seconde partie, je vais m’efforcer d’être plus concret et je vais vous donner des exemples de NFT que j’ai réalisé sur Bitcoin, notamment les e-books dédicacés du roman Printeurs. J’espère que mes exemples vont inspirer d’autres créateurs et producteurs. Les ingrédients Pour faire un bon NFT artisanal à rouler sous les aisselles, il faut mélanger les bons ingrédients. Un NFT s’illustre dans une transaction (ou plusieurs qui se répondent pour les plus gourmands). Même s’il existe des combinaisons infinies, le choix dans les ingrédients est

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Lionel Jeannerat considers the following as important:

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Dans le précédent article, j’ai défini ce qu’était un NFT, un événement historique documenté et démontrable à l’aide de la cryptographie, inscrit et horodaté sur une blockchain. Dans cette seconde partie, je vais m’efforcer d’être plus concret et je vais vous donner des exemples de NFT que j’ai réalisé sur Bitcoin, notamment les e-books dédicacés du roman Printeurs. J’espère que mes exemples vont inspirer d’autres créateurs et producteurs.

Les ingrédients

Pour faire un bon NFT artisanal à rouler sous les aisselles, il faut mélanger les bons ingrédients. Un NFT s’illustre dans une transaction (ou plusieurs qui se répondent pour les plus gourmands). Même s’il existe des combinaisons infinies, le choix dans les ingrédients est limité. Voici les éléments sur lesquels on peut influer dans une transaction (j’en ai peut-être oublié) :

  • Le plus évident : L’OP_RETURN data, il s’agit de la possibilité d’ajouter un petit texte lisible à une transaction. Ça peut permettre de faire des demandes en mariage. Au passage, je me permets de recommander cet article sur cryptoast (il parle notamment de la manière dont les mineurs peuvent signer des blocs).
  • Le plus visible : Les adresses publiques des nouveaux UTXO, c’est-à-dire les adresses de réception de la transaction. Ça a été utilisé pour de la publicité/spam. Remarquez que ce spam a coûté 250 340 satoshis pour atteindre 425 destinataires (589 sats par destinataire). Ça fait plus de 130 € au prix du jour et un peu moins de 100 € le jour de la transaction. Dans cet exemple, les spammeurs utilisent les transactions pour écrire un message, mais également pour « ping » des adresses sélectionnées par le nombre important de satoshis qu’elles contiennent.
  • Celui qu’il faut miner : Les adresses publiques des UTXO utilisés, c’est-à-dire les adresses d’envoi de la transaction. Cela demande un peu de temps et un ordinateur pour générer une adresse de vanité, mais pour les aventuriers, je recommande le tuto de Bitcoin.fr. Combiné avec un OP_RETURN data, cela peut faire une excellente carte de vœux, immortelle, pour un cadeau de mariage. Pour des raisons de vie privée, je ne vais pas vous mettre d’exemple, mais voici comment je m’y prends. Je mine une adresse avec les initiales des mariés. J’envoie les satoshis du cadeau depuis cette adresse vers l’adresse contrôlée par les mariés, j’ajoute un petit texte de vœux dans l’OP_RETURN data. Voici un hommage définitivement scellé.
  • Celui auquel on ne pense pas : Les chiffres peuvent avoir des significations, alors pourquoi ne pas choisir à dessein le nombre de satoshis des UTXO d’entrée et de sortie ? Ça a été le cas pour le trésor de Rackham le rouge et ses 21 millions de satoshis.
  • Celui qui dépend du moment : Le « choix » du bloc peut également avoir une signification, soit pour son chiffre, soit parce qu’il est techniquement spécial, etc. Mais attention, cet élément ne dépend pas que de vous et il est impossible de retourner en arrière si vous loupez le bloc. C’est ce qui nous était arrivé lors de notre dédicace du halving.
  • Ceux qui sont cachés et qui peuvent se révéler : Derrière une transaction dont les adresses d’entrée et de sorties qui semblent anodines peuvent se cacher des clés privées spécialement choisies. Elles peuvent être générées grâce au hash de documents ou être des clés privées « vanity ». (Cet ingrédient doit être utilisé avec sagesse, attention à la sécurité de vos satoshis car une clé privée compromise ne doit plus être utilisée).

Avec ces ingrédients de base, il est possible de faire des milliers de NFT différents. Il est également possible de mettre en place des protocoles pour les standardiser. C’est un champ encore largement inexploré et ignoré pour le moment. Saviez-vous que le livre blanc de Satoshi est disponible sur la blockchain ? Maintenant, oui. Il y a déjà tellement de choses à découvrir sur la blockchain Bitcoin…

Les e-books spéciaux dédicacés de Printeurs

Nous arrivons enfin sur un exemple concret. Printeurs est un roman de science-fiction écrit par Ploum (Lionel Dricot). Il parle de sujets proches des préoccupations des cypherpunks et évoque Bitcoin. Lors d’une campagne de financement sur Ulule en 2020, j’ai proposé une contrepartie qui sortait de l’ordinaire : Un e-book personnalisé de Printeurs, dédicacé par l’auteur et horodaté sur Bitcoin. Il y a eu 22 souscriptions à cette contrepartie mystérieuse. Voici comment nous nous y sommes pris.

Lorsque le epub était prêt, l’auteur Ploum a modifié le fichier standard en ajoutant par écrit une petite dédicace à chaque souscripteur. Ainsi lorsque l’on ouvre chaque fichier personnalisé, on peut y lire le texte de la dédicace, un peu comme lorsque l’on a un livre en papier dédicacé.

Ensuite, j’ai rendu ces fichiers uniques grâce à deux transactions :

https://live.blockcypher.com/btc/tx/3c035b3fd3fed0d35723480629564a1625f5dc1b3bdae8785e85d39f05c62abf

https://live.blockcypher.com/btc/tx/a35f0fe1e1e7a9133fb54071fe6cf7ef34828e9678e36422505b9245dd852e89

La première est pour les dédicaces de 1 à 11, la seconde de pour celles de 12 à 22. Décortiquons-les.

Première chose, si l’on regarde l’OP_RETURN data, il est écrit respectivement « Printeurs 1-11 » et « Printeurs 12-22 ». Ces textes sont publics et non-chiffrés. Par une recherche dans la blockchain, il sera toujours possible de retrouver ces deux transactions parmi toutes les autres. C’est une sorte de panneau indicateur pour l’éternité.

Le deuxième élément est l’adresse output : 1PVHedi1kDm5befTu9xbCzRnaNdfWVu5oj. J’ai mis une semaine pour la miner (j’ai manqué de chance) et elle comprend la suite 1PVHedi1 qui signifie PVH éditions. J’ai voulu signifier par là que c’est l’éditeur qui a été créateur des NFT et non l’auteur. C’est juste un élément qui prouve une preuve de travail, une manière de donner une valeur complémentaire au NFT.

Le troisième élément sont les 22 UTXO de 300 satoshis envoyés sur 22 adresses différentes. Le choix de 300 est un peu dû au hasard, il fallait choisir un nombre suffisant pour que la transaction soit acceptée (les UTXO trop petits sont rejetés). Si c’était à refaire, je mettrais 288 qui est le nombre de pages du roman. Mais c’est trop tard, contrairement à Ethereum, on ne peut pas revenir en arrière avec la blockchain Bitcoin.

Ce qui est réellement intéressant ici, c’est surtout comment ont été déterminées les adresses de réception. Leur clé privée est dérivée du SHA1 de chaque fichier epub personnalisé pour les souscripteurs. En gros, pour l’obtenir, il faut calculer le SHA1 du fichier (par exemple sur ce site : http://www.hashemall.com/), puis de l’utiliser comme seed pour générer la clé privée (par exemple ici : https://coinb.in/#newSegWit). Avec la clé privée, on peut contrôler la clé publique. De cette manière, avec le fichier spécial, il sera toujours possible de prouver par ces petites manipulations cryptographiques s’il est vrai ou faux. Les propriétaires de ce fichier spécial peuvent récupérer les 300 satoshis (attention, n’importe qui ayant le fichier le peut aussi). Mais le texte de la dédicace, signé au nom des mécènes, ne peut pas être modifié. Ce n’est pas parce qu’on peut déplacer les 300 satoshis que cela efface la preuve d’authenticité des NFT.

Pourquoi ne pas avoir utilisé des formats NFT standards ? J’ai hésité à utiliser Woleet mais ça manque singulièrement de fun, c’est plus un truc pour les comptables que pour une utilisation artistique. Les solutions à la OpenSea sur Ethereum ne me convainquent pas trop non plus. C’est plus cher que Bitcoin avec un niveau de sécurité qui n’est pas meilleur, le format est surtout pensé pour la spéculation ce qui n’était pas mon but. Je pense que les NFT « artistiques » ont une valeur qui dépasse les aspects financiers, c’est un témoin et sa valeur est dans le partage. Je remercie chaleureusement les souscripteurs qui ont permis de financer Printeurs et le format print@home, ils ne l’ont pas fait dans une optique spéculative mais pour soutenir un projet artistique et pour le partager.

Je pense qu’il est essentiel de garder cela en tête. Les NFT sont non-fongibles car ils sont censés être uniques et c’est pour cette raison qu’il faut cultiver leur diversité de formes pour conserver leur caractère unique, spécial, humain. Ils peuvent aussi être à leur échelle des petites œuvres d’art, sinon rien ne les différenciera des innombrables transactions qui s’accumulent toutes les 10 minutes.

Article publié originellement sur le blog « Les divagations de Ludomire »


Faire des NFT artisanaux sur Bitcoin – 2) Cas pratiques

A propos de l’auteur

Administrateur du Cercle du Coin, entrepreneur et éditeur, Lionel Jeannerat a notamment publié Objective Thune, essai satirique de Jacques Favier et Philippe Ratte, illustré par Pamina Calisti (PVH éditions).

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