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Bitcoin, cet ennemi méconnu

Summary:
Après une longue absence, me revoilà avec un article court, sans prétention, qui s’adresse aux contempteurs de Bitcoin. Je vais aborder quelques idées reçues totalement erronées que l’on entend de nos adversaires et qui sont injustifiées. Il y a sans doute de bonnes raisons de détester Bitcoin, mais les arguments avancés par les « antis » lors des débats sont généralement hors sujet. C’est toujours un plaisir d’aider ceux qui veulent lutter contre Bitcoin de manière pertinente. Bitcoin est une catastrophe écologique ! Eh bien non, c’est la pire idée reçue. La réalité du minage est extrêmement différente et son développement semble devenir une opportunité inespérée pour financer des projets de centrales d’énergies renouvelables

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Lionel Jeannerat considers the following as important:

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Après une longue absence, me revoilà avec un article court, sans prétention, qui s’adresse aux contempteurs de Bitcoin. Je vais aborder quelques idées reçues totalement erronées que l’on entend de nos adversaires et qui sont injustifiées.

Il y a sans doute de bonnes raisons de détester Bitcoin, mais les arguments avancés par les « antis » lors des débats sont généralement hors sujet. C’est toujours un plaisir d’aider ceux qui veulent lutter contre Bitcoin de manière pertinente.

Bitcoin est une catastrophe écologique !

Eh bien non, c’est la pire idée reçue. La réalité du minage est extrêmement différente et son développement semble devenir une opportunité inespérée pour financer des projets de centrales d’énergies renouvelables à travers le monde et l’outil qui permettra de réduire la pollution du méthane liée aux torchères. Pour plus d’approfondissements, je vous invite à visionner ma conférence sur le sujet (télécharger les slides) :

Conférence à Neuchâtel, le 10 février 2022

Bitcoin est un outil capitaliste !

C’est une critique que j’entends surtout de la part de militants de gauche. C’est dommage parce que je pense que Bitcoin est un outil financier qui JUSTEMENT s’affranchit de la logique capitaliste. La confusion provient sans doute que Bitcoin échappe également à un contrôle étatique. Il offre une troisième voie, celle des communs.

Car oui, Bitcoin est un protocole public, que l’on peut consulter gratuitement, que l’on peut utiliser librement pour horodater, conserver de la valeur ou en transférer. Le protocole prend un soin bien particulier de minimiser la difficulté de pouvoir participer au réseau par son propre nœud.

Car justement, ceux qui décident des règles de Bitcoin sont ses utilisateurs, ceux qui utilisent leur propre nœud. Les mineurs ne sont que des chasseurs de prime qui doivent respecter les règles établies par les utilisateurs pour espérer recevoir une récompense.

La possession de bitcoins n’accorde aucun droit de décision supplémentaire. Elle ne donne qu’un seul et unique droit incensurable : le droit de transmettre cette possession. Rien de plus.

Bitcoin est un système inégalitaire !

Souvent proches de la critique précédente, certains pointent une soi-disant inégalité dans la possession des satoshis : « Regardez, il y en a qui en ont accumulé beaucoup alors que moi je n’en ai pas. » Loin de moi l’envie de nier le fait qu’il y ait des gens qui possèdent plus de satoshis que d’autres, mais ma réponse est « Et alors ? ». Certains accumulent des lingots d’or, d’autres des actions de société technologiques, d’autres des satoshis. Bitcoin n’est pas un système de répartitions des richesses, c’est un système qui suit des règles simples qui établissent la propriété sur des jetons numériques inertes (mais programmables). Pour posséder des satoshis, il n’existe que deux solutions : soit vous en recevez après avoir proposé un bloc accepté par le réseau, soit quelqu’un vous en transfère la propriété (généralement par un échange). C’est simple et c’est cette simplicité qui garantit la solidité du protocole. It’s not a bug, it’s a feature.

L’égalité de Bitcoin est à voir dans son accessibilité et sur des règles qui sont les mêmes pour tous. De plus, non seulement personne n’est obligé de l’utiliser mais en plus, à part si vous souhaitez l’utiliser comme réserve de valeur, il n’est pas nécessaire de conserver des satoshis : l’horodatage et le transfert de valeur ne coûtent que les frais de transaction.

C’est ainsi que fonctionneront les protocoles de surcouche : il suffira simplement de payer des frais pour en profiter, parfois de bloquer juste les satoshis nécessaires le temps de l’utilisation. Et il y aura moyen, si des communautés le souhaitent, d’utiliser Bitcoin pour construire des outils trustless et automatisés de répartition des richesses.

Bitcoin est une monnaie (ou pas) !

Même quand les adversaires pensent que Bitcoin n’en est pas une, ils abordent toujours le sujet de sa nature monétaire. Non, Bitcoin n’est pas une monnaie : fin du débat ! Peut-on à présent s’intéresser à ce qu’est réellement Bitcoin et les satoshis ?

Pour moi, débattre du statut monétaire de Bitcoin est aussi ridicule et stérile que de débattre « Pour ou contre Bitcoin ».

Bitcoin est Bitcoin, c’est un objet unique dans l’histoire de l’humanité. Le satoshi est également un actif unique dans son genre issu de la singularité informatique et mathématique créée par Bitcoin. Ce dernier existe tel qu’il est, les satoshis existent et sont utilisés dans les limites fixées par les règles du protocole. Bitcoin ne peut pas être détruit ou désinventé, les règles ne peuvent pas être modifiées par la force ou par malice. C’est de cela qui est intéressant et qui devrait être débattu !

Bitcoin est obsolète !

Non, Bitcoin n’est pas obsolète, bien au contraire : il est à la pointe de ce qui se fait de mieux en terme de cryptographie et de théorie des jeux. Certes, Bitcoin évolue lentement mais ce n’est pas par faiblesse mais par prudence. La sécurité n’est pas une chose à prendre à la légère et toute évolution doit être débattue et mise à l’épreuve.

Ceux qui prétendent faire mieux sont au mieux des mythomanes ou des arnaqueurs, mais souvent il s’agit d’agents capitalistes et étatistes qui cherchent à détourner le public du véritable protocole révolutionnaire qui ouvre une troisième voie : commune et libre.

Bitcoin, c’est de la spéculation !

Non, Bitcoin c’est tout l’inverse d’un casino en ligne. En réalité, Bitcoin c’est chiant : un bloc tous les 10 minutes et des transactions assez simples, des mises à jour de fond tous les tremblements de terre. D’ailleurs, c’est pour cela qu’Ethereum et tout autre casino en ligne attirent les jeunes entrepreneurs en herbe, coach/influenceurs et autres professionnels du MLM. Si vous voulez de l’adrénaline, le Far West et des rêves de richesses faciles, je ne vous recommande pas Bitcoin.

Bitcoin, c’est tout l’inverse : c’est la stabilité du protocole, une construction progressive et qui applique toujours le principe de parcimonie. L’espoir de gain/risque est relativement bas par rapport à de nombreux autres actifs boursiers ou produits dérivés. Je pense que l’intérêt frénétique pour certains d’accumuler des satoshis est à chercher ailleurs.

Derrière cette critique infondée, j’ai souvent aussi droit au « Bitcoin corrompt la jeunesse qui préfère spéculer plutôt que de travailler ». Mais pourtant, la jeunesse spécule aussi sur les marchés financiers traditionnels, parie sur des applications sportives dédiées, elle passe son temps sur des casinos en ligne. Je crois que les critiques trouvent en Bitcoin un bouc émissaire plutôt que de chercher l’origine profonde du phénomène qui pourrait ne pas leur plaire…

Bitcoin, c’est un outil qui permet la fraude !

Ces dernières années, on a constaté affaire après affaire que c’est surtout les banques qui facilitent les fraudes et les évasions massives. Bitcoin est un protocole public et transparent et malgré le pseudonymat, les grosses sommes sont surveillées et très souvent identifiées. Alors oui, les satoshis empochés par un petit dealer grâce au Lightning Network ont peu de chance d’être repérés et identifiés, tout comme les dépenses quotidiennes des simples citoyens. Dans Bitcoin, c’est les gros poissons qui intéressent l’œil de Sauron. Le démasquage des hackers de Bitfinex et de The DAO en font une excellente démonstration.

Alors oui, Bitcoin va modifier les méthodes de travail des polices financières. Ils ne pourront plus compter sur des saisies bancaires sur un coup de téléphone ou des règles d’antiblanchiment qui ne servent à rien (à part faire chier les honnêtes citoyens), mais ils pourront compter sur des outils de suivis statistiques qui leur permettront d’identifier des criminels sans recourir à la « bonne volonté » des banques. Je ne dis pas s’il y aura plus ou moins de fraudes, ce sera toujours le jeu du chat et la souris avec ou sans Bitcoin. Par contre, j’ai l’impression que le coût et la difficulté de la fraude vont prendre l’ascenseur. Car s’il y a bien une chose que les banques et les paradis fiscaux savent mieux faire que Bitcoin, c’est de frauder et blanchir en toute simplicité et à low cost.

Voilà, je viens de terminer le tour des mauvaises critiques que l’on peut faire à Bitcoin. Pour redonner quelques cartouches aux adversaires, voici quelques approches pertinentes pour critiquer Bitcoin :

  • Bitcoin est une nouveauté qui va détruire des emplois dans les banques et dans les administrations.
  • Bitcoin va détruire certaines hiérarchies sociales/économiques et rendre obsolète certains organismes de référence. Cela pourrait faire des remous.

J’espère qu’à l’avenir, nous pourrons débattre sur ces questions et surtout comment construire sur Bitcoin pour mitiger les souffrances que ces changements inévitables vont causer.

Article publié originellement sur le blog « Les divagations de Ludomire »


Bitcoin, cet ennemi méconnu

A propos de l’auteur

Entrepreneur et éditeur, Lionel Jeannerat est également administrateur du Cercle du Coin, association francophone sur Bitcoin, les monnaies décentralisées et les blockchains. En tant que gérant de PVH éditions, il a notamment lancé le projet print@home qui propose des romans sous licence CC BY-NC-SA.

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