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Evolution du profil des lecteurs de bitcoin.fr entre 2018 et de 2022

Summary:
L’irruption de Bitcoin en 2009 a impacté la sphère financière. Une littérature grandissante s’intéresse à l’adoption et à l’usage de la cryptomonnaie la plus connue à travers le monde. Cet article propose non seulement un aperçu de l’usage et de l’adoption en France, mais explore aussi l’évolution des utilisateurs de Bitcoin en quatre ans. Je compare aussi ces derniers à la population française. En accord avec la littérature, je constate que les utilisateurs sont surtout des hommes relativement jeunes, néanmoins c’est une population qui tend à s’élargir. La part d’hommes baisse de 95.2% à 83.8% entre 2018 et 2022. Par ailleurs, je trouve que les utilisateurs ont un très bon niveau de littératie financière et de connaissances générales

Topics:
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L’irruption de Bitcoin en 2009 a impacté la sphère financière. Une littérature grandissante s’intéresse à l’adoption et à l’usage de la cryptomonnaie la plus connue à travers le monde. Cet article propose non seulement un aperçu de l’usage et de l’adoption en France, mais explore aussi l’évolution des utilisateurs de Bitcoin en quatre ans. Je compare aussi ces derniers à la population française. En accord avec la littérature, je constate que les utilisateurs sont surtout des hommes relativement jeunes, néanmoins c’est une population qui tend à s’élargir. La part d’hommes baisse de 95.2% à 83.8% entre 2018 et 2022. Par ailleurs, je trouve que les utilisateurs ont un très bon niveau de littératie financière et de connaissances générales sur Bitcoin et ils tendent à s’améliorer, creusant ainsi l’écart avec la population française. Enfin, les utilisateurs de Bitcoin semblent légèrement moins averse au risque que la population française.

Introduction

Dans ce document, je dresse pour la première fois les caractéristiques démographiques et l’évolution de celles-ci chez utilisateurs de Bitcoin sur plusieurs années. De plus, il s’agit du premier document qui étudie les utilisateurs de Bitcoin français.

Pour obtenir ces données, j’ai créé un questionnaire que le site internet Bitcoin.fr a accepté de publier à deux reprises, avec quatre ans d’intervalle. Pour le présenter sommairement, Bitcoin.fr est un site communautaire d’actualité de Bitcoin et des cryptomonnaies.

Le questionnaire a été soumis pour la première fois en février 2018, peu après un record du cours des bitcoins à 20 000 $ et un peu avant le cours ne redescende à 4 000 $. La seconde publication a eu lieu en mars 2022, deux ans après le début de la crise COVID lors de laquelle le cours du bitcoin a atteint son record historique à 68 000 $. Le graphique 1 illustre les dates où le questionnaire a circulé ainsi que le prix du bitcoin.

Figure 1

Ainsi, j’observe l’évolution des utilisateurs de Bitcoin en 4 ans à travers des caractéristiques démographiques (âge, niveau d’étude, revenu) et des caractéristiques d’investisseurs (connaissances basiques en finance, connaissances basiques de Bitcoin, aversion au risque ainsi que motif d’investissement). Enfin, pour chacune de ces caractéristiques, j’élargis la comparaison à la population française grâce aux données fournies par l’INSEE en 2018 et en 2022, par Arrondel et al. (2013) et par Lusardi et Mitchell (2014).

Les résultats montrent une évolution significative des caractéristiques des utilisateurs de Bitcoin entre 2018 et 2022. Ce sont surtout des hommes d’un niveau d’étude élevé relativement à la population française, cette observation similaire à celles faites dans d’autres pays, cependant la part d’hommes passe de 95.2% à 83.8% en 4 ans. En revanche, la jeunesse des utilisateurs de Bitcoin s’est grandement nuancée. La part des moins de 30 ans chute de 37% à 12% alors qu’elle représente 19% de la population française majeure en 2018 comme en 2019. Ainsi les plus jeunes passent de largement sur-représentés à sous-représentés en seulement 4 ans. Enfin, parmi les utilisateurs de Bitcoin, les connaissances financières étaient très bonnes en 2018, elles sont encore meilleures en 2022. Les résultats du questionnaire de 2018 sont donc en accord avec la littérature, mais des divergences émergent en 2022.

Description de l’expérience

Comme souligné dans la littérature, les utilisateurs de Bitcoin sont une population dure à atteindre [1]. Les articles qui visent à obtenir des réponses de possesseurs de bitcoins spécifiquement se heurtent à la même limite : un trop petit nombre d’utilisateurs. Les articles collectent, à une exception près, entre 26 et 117 réponses. A ma connaissance, seul un article au Japon obtient un grand nombre de réponses de possesseurs de bitcoins : 1622. Le Japon étant un pays qui a rapidement encadré l’usage de Bitcoin [2], je considère une telle quantité de réponses comme une exception.

Obtenir un grand nombre de réponses d’une population représentative de la population française n’apporterait probablement que peu de réponses de détenteurs de Bitcoin. C’est pour cette raison que la méthodologie appliquée dans cet article diffère de celle de la littérature. Le questionnaire a ciblé les utilisateurs de Bitcoin en étant diffusé sur un site communautaire. Les résultats sont comparés à la population française, ou à une population représentative de la population française. Le questionnaire a été diffusé en deux vagues, les réponses obtenues en 2018 peuvent être comparées avec celles obtenues en 2022.

Le questionnaire a été diffusé à plusieurs reprises sur le site le site francophone Bitcoin.fr à quatre ans d’intervalle : à partir du 21 février 2018 et du 19 mars 2022. Les données ont été récoltées dans un contexte strictement identique. Dans les deux cas les articles ont été publiés dans le fil d’actualité du site Bitcoin.fr, puis il été remontés trois jours après la première publication, ceci dans le but d’augmenter le nombre de réponses.

La durée annoncée du questionnaire est de 10 minutes. Ce questionnaire couvre plusieurs aspects : quelques informations démographiques (âge, sexe..) et la détention de bitcoins ou d’autres cryptomonnaies. Ensuite les connaissances sont évaluées sur deux sujets : les placements financiers et Bitcoin. Enfin, j’analyse l’aversion au risque des répondants à travers des questions reconnues pertinentes dans la littérature.

La présentation des répondants est comparée aux statistiques sur la population française fournies par l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques). Les résultats en connaissances financières sont comparés au résultats d’Arrondel, Debbich et Savignac (2013), sur une population représentative de la population française. Seules l’aversion au risque et les connaissances sur Bitcoin n’ont pas de point de comparaison rigoureusement fiable, néanmoins nous avons propagé le questionnaire à des non utilisateurs de Bitcoin par nos propres moyens.

Pour la population utilisée pour ces dernières comparaisons, nous ne gardons pas les réponses de personnes qui n’ont pas de bitcoins mais qui ont répondu via le site internet Bitcoin.fr (56 réponses). En effet, on suppose que consulter le site traduit un intérêt pour les cryptomonnaies, ce qui biaiserait la comparaison. Notre population de comparaison compte donc 106 entrées.

Les effectifs de chaque population sont résumés dans les tableaux suivants :

2018Détient des bitcoinsNe détient pas de bitcoins
Détient d’autres cryptomonnaies24526
Ne détient pas d’autres cryptomonnaies4856
2022Détient des bitcoinsNe détient pas de bitcoins
Détient d’autres cryptomonnaies6610
Ne détient pas d’autres cryptomonnaies70

A ce stade, il y a déjà des observations à faire sur la population de Bitcoin.fr entre 2018 et 2022. En effet, en ne comptant que les utilisateurs de Bitcoin, nous sommes passés de 293 réponses en 2018 à 73 réponses en 2022. On a donc 3,8 fois moins de réponses. Cela traduit probablement une baisse du nombre de visiteurs entre les deux dates auxquelles le questionnaire a circulé.

Le graphique 2 illustre le nombre de visites quotidiennes de la page Wikipédia de Bitcoin en français. Il y a eu respectivement 20596 et 9415 consultations la semaine du 21 février 2018 et la semaine 22 mars 2022. Ce qui fait un rapport de 2.2.

Figure 2

Or, l’attention capturée par Bitcoin fin 2017 et début 2018, peu avant la première circulation du questionnaire, était à son apogée. Le nombre de consultations a atteint un record en fin d’année 2017, inégalé à ce jour : 23380 consultations sur une seule journée. Si l’on prend cela en compte, alors il est probable que la fin ce pic d’audience se soit manifesté plus tard sur Bitcoin.fr car le site sort de nouveaux articles quasi quotidiennement, alors que la page Wikipédia évolue peu. En d’autre termes, il y a peu de raisons de consulter plusieurs fois la page Wikipédia de Bitcoin alors qu’il y a des raisons de consulter plusieurs fois le site Bitcoin.fr. Ainsi, même si la diminution du nombre de réponses est plus grande que la diminution de la fréquentation de la page Wikipédia de Bitcoin, la diminution du nombre de réponses s’explique en grande partie par le fait que Bitcoin captait beaucoup plus d’attention en début 2018 qu’en début 2022 et par l’augmentation considérable de l’offre d’information sur ce sujet entre ces deux périodes.

Détail des questions

En plus de l’âge et du sexe des répondants [3], nous demandons le revenu mensuel approximatif (par tranche de 1 000 €), le nombre de personnes dans le foyer du répondant et le niveau d’étude. Ce dernier va de « sans diplôme » au doctorat en passant par brevet des collèges, baccalauréat, BTS, licence et master.

Nous testons ensuite brièvement les connaissances basiques en finance et sur Bitcoin. Le niveau de connaissances financière est approximé en reprenant mot pour mot les questions d’Arrondel, Debbich et Savignac (2013) qui ont fait circuler ces questions en France en collaboration avec l’INSEE. Ces questions, inspirées de Lusardi et Mitchel (2011), ont été éprouvées par la littérature pour avoir une mesure fiable et qui permette de comparer les résultats entre plusieurs populations. Ces questions sont aussi utilisées par d’autres auteurs étudiant les utilisateurs de bitcoins dans d’autres pays.

l y a deux questions sur les placements qui impliquent un calcul rapide de rendements et d’inflation, et une troisième question qui consiste à trier quatre types de placements du moins risqué au plus risqué. Pour cette dernière et afin de pouvoir comparer nos résultats avec le moins de biais possibles, nous reprenons Arrondel, Debbich et Savignac (2013) en considérant que la réponse est correcte lorsque les actions sont classées comme étant plus risquées que les parts dans un fonds commun de placement et incorrecte dans le cas contraire.

Viennent ensuite cinq questions assez précises sur le fonctionnement de Bitcoin. Un score sur 5 est ainsi créé pour chaque individu. Cette note peut être transformée en pourcentage, de sorte qu’un répondant ayant eu 3 réponses correctes sur 5 obtient le pourcentage de 60%. Enfin, j’ai demandé aux répondants s’ils avaient des actions car c’est aussi un signal d’expérience dans le domaine financier. L’AMF annonce que 8,7% des français détenaient directement des actions en 2018, et 6,7% en détenait en 2021. Cela servira de point de comparaison.

Pour raison de confidentialité, je ne détaillerai pas le calcul de l’appétence au risque. Pour la suite, cette caractéristique est présentée sous forme de pourcentage (de 0% pour une très grande aversion au risque à 100% pour aucune aversion au risque).

Résultats

Présentation du répondant

Les graphiques 3, 4 et 5 présentent les caractéristiques de deux populations. Selon des données de l’INSEE, la population française majeure est constituée d’environ 47,7% d’hommes en 2018, et de 47,6% d’hommes en 2022. La proportion d’hommes monte à 95,2% pour 4,8% de femmes parmi les utilisateurs de Bitcoin en 2018. En 2022, il y 83,8% d’hommes, 10,8% de femmes, 5.4% de non réponse, et 0% de réponse « autre ».

Figure 3

La population des utilisateurs de Bitcoin est en moyenne plus jeune que la population française. Que ce soit en 2018 ou en 2022, les tranches d’âges supérieures à 40 ans sont sous représentées par rapport à leur importance dans la population française. Il est a noté qu’entre les utilisateurs de Bitcoin de 2018 et ceux de 2022, la tranche d’âge 18-30 ans s’est réduite au profit de la tranche 41-50 ans. Ainsi, certains des utilisateurs de Bitcoin en 2022 font partie de ceux de 2018 dont l’intérêt pour les cryptomonnaies ne s’est pas estompé, mais il est indéniable que l’usage des cryptomonnaies s’est élargit à d’autres tranches d’âge. Cela s’illustre par le fait qu’en 2022, les utilisateurs de Bitcoin ayant entre 18-30 ans sont proportionnellement moins nombreux que dans la population française, alors que c’était l’inverse en 2018.

Figure 4

La taille moyenne du foyer des utilisateurs de Bitcoin est de 2,39 personnes en 2018 et 2,44 personnes en 2022. Selon l’INSEE, le taille moyenne d’un foyer français est de 2,19 personnes. Cela ne représente pas une différence significative.

Concernant le niveau d’étude observé, la répartition tend nettement vers des études plus longues chez les utilisateurs de Bitcoin par rapport à la population française, que ce soit en 2018 ou en 2022 et bien que l’écart se soit légèrement réduit en 2022.

Figure 5

En observant plus en détail le niveau d’étude des utilisateurs de Bitcoin, visible sur le graphique 6, on peut remarquer que ce sont surtout les titulaires de masters dont la proportion a chuté [4].

Figure 6

Ainsi, on remarque un élargissement de la population de détenteurs de bitcoins dans le sens où elle s’est nuancée sur plusieurs critères : le sexe, l’âge et le niveau d’étude.

Ensuite, le niveau de revenu est observable sur le graphique 7 [5], est aussi plus élevé chez les utilisateurs de Bitcoin. Ces derniers sont relativement plus nombreux dans toutes les catégories au-delà de 4 000 € par mois et moins nombreux sur toutes les catégories en deçà de 4 000 €. Entre 2018 et 2022, il y a une différence notable sur la répartition des tranches de revenus la plus faible, inférieure au smic, et la plus haute, plus de 7 000 € par mois.

Figure 7

Enfin, le graphique 8 illustre les motifs de détention de bitcoins déclarés par les utilisateurs de Bitcoin. Si l’on considère que la recherche de profit regroupe les motifs d’épargne et de spéculation, alors 90% et 93% des utilisateurs de Bitcoin recherchent le profit respectivement en 2018 et en 2022. C’est cohérent avec la littérature des autres pays.

Figure 8

Le motif d’échange est celui qui correspondrait le mieux à une monnaie, pourtant il est minoritaire. Néanmoins, la proportion des utilisateurs l’ayant formulé a augmenté de 60% entre 2022 et 2018, passant de 23% à 37%. Le motif d’épargne a également augmenté alors que les motifs de spéculation et de distraction ont diminué.

Connaissances en placements et en cryptomonnaies

Le niveau d’éducation financière de notre population d’utilisateurs de Bitcoin est comparé à celui d’une population Française représentative, celle d’Arrondel, Debbich et Savignac (2013). Les questions posées sont les mêmes mot pour mot. Pour chacune des trois questions, les utilisateurs de 2018 et de 2022 obtiennent un taux de bonne réponse plus élevé que la population française représentative. La proportion de questionnaires entièrement justes est aussi significativement plus élevée.

De plus, les utilisateurs de 2022 ont un score plus élevé que ceux de 2018. Cela va dans le sens de la littérature, bien qu’elle ne soit pas unanime sur ce point.

Figure 9

Lusardi et Mitchell (2014) résument les résultats à ces 3 questions dans plusieurs pays, bien que les énoncés des questions puissent être légèrement différents. Il en ressort que les Allemands et les Suisses obtiennent le taux de bonnes réponses à toutes les questions le plus haut (respectivement 53,2% et 50,1%), et que les utilisateurs de Bitcoin de 2018 sont proches de ce niveau (50.9%). En 2022, ces utilisateurs obtiennent des résultats encore meilleurs : 63% des répondants ont juste aux trois questions.

Figure 10

D’ailleurs, la détention d’actions est illustrée sur le graphique 10. Nos utilisateurs de Bitcoin détiennent directement des actions dans une plus grande proportion (les parts en fonds de placement ne sont pas prises en compte). 24,2% des utilisateurs possédaient des actions en 2018 et ils sont 14% en 2022 alors que 8,7% de la population française détenait des actions en 2017 et 6,7% en détiennent en 2022, selon l’AMF (Autorité des Marchés Financiers). Le nombre de détenteurs d’actions a donc baissé dans une proportion plus importante que chez les utilisateurs de Bitcoin que chez les français, mais la proportion de personnes qui possèdent des actions est toujours deux fois plus élevée chez les utilisateurs que chez les français en 2022.

Pour tester les connaissances générales de Bitcoin des répondants, le questionnaire comporte cinq questions. La note moyenne des utilisateurs de Bitcoin est de 4,2/5 en 2018, et 4,35/5 en 2022. C’est à comparer avec l’échantillon de population française dont nous disposons et qui obtient en moyenne 1,78/5. Les utilisateurs ont donc de bonnes connaissances générales de Bitcoin, et ce niveau a augmenté entre 2018 et 2022, à l’instar des connaissances financières. Henry et al. (2018 et 2019) trouvent aussi que les utilisateurs de Bitcoin ont de bonnes connaissances du sujet, mais la différence est nettement moins grande (0,8/5 chez les non utilisateurs contre 2,2/5 chez les utilisateurs en 2016, et 1,4/5 contre 2,7/5 en 2017).

L’aversion au risque fait ressortir le fait que les utilisateurs de Bitcoin ont un peu moins peur du risque que le reste de la population française. Les 25% des personnes ayant le plus d’appétence pour le risque dans chacune des populations le sont au même degré (57,5%). La médiane est un peu plus haute chez les utilisateurs, 50% en 2018 et 53,8% en 2022, que dans le reste de la population française (48,8%).

L’observation la plus flagrante concerne le quartile des personnes qui ont le plus d’aversion au risque. Chez les utilisateurs de Bitcoin, le niveau d’aversion au risque dans le quartile des plus averses au risque est visiblement moins fort.

En résumé, les personnes les moins averses au risque dans chaque population ont à peu près le même niveau d’attrait pour le risque. Les 75% restant dans chaque population ont en moyenne moins peur du risque chez les utilisateurs de Bitcoin, que ce soit en 2018 ou en 2022.

Conclusion

L’analyse des données permet d’établir les traits caractéristiques d’un utilisateur de Bitcoin en 2018 et en 2022 et d’en observer l’évolution. Il est donc possible de comparer ces populations avec la population française en général. La taille moyenne du foyer d’un utilisateur de Bitcoin en 2018, en 2022 et celle d’un français sont proches. Pour le reste, il y a beaucoup de différences notables. Les utilisateurs sont très majoritairement des hommes, bien que cette proportion diminue, de 95% à 84%. Ils sont en moyenne beaucoup plus diplômés et touchent des revenus plus élevés. La proportion d’utilisateurs de moins de 30 ans est passée en quatre ans de largement sur-représentée à sous-représentée par rapport à la population française.

Je peux conclure que les utilisateurs de Bitcoin ont de meilleures connaissances de base en finance que le reste des français, et leurs performances sont encore meilleures en 2022. Par ailleurs, ils ont été plus nombreux à se déclarer actionnaires que la population française, ils ont un degré d’aversion au risque un peu plus faible et ils connaissent aussi beaucoup mieux Bitcoin que notre population de comparaison.

Selon plusieurs papiers, ceux qui sont incompétents dans un domaine apprécient mal leur propre niveau compétence (Kruger et Dunning, 1999). La perception des compétents étant moins éloignée de la réalité, bien qu’inexacte. L’hypothèse selon laquelle les utilisateurs de Bitcoin serait des incompétents ne tient pas. Les facteurs évoqués montrent que ces derniers ne sont pas des incompétents ayant misé sur le bon cheval par chance. On ne peut pas dire des utilisateurs de Bitcoin qu’ils sont ignorants et inconscients de l’être. En général, leur choix de placement a été fait avec un certain niveau de discernement.

* * *

[1] En France en 2022, il y aurait entre 6% et 8% d’utilisateurs de Bitcoin.

[2]https://www.fsa.go.jp/en/regulated/licensed/en_kasoutuka.pdf

[3] Les répondants on eu le choix entre « Homme », « Femme », et « Autre ».

[4] L’INSEE ne fournit pas autant de détails sur le niveau d’études de la population française.

[5] L’INSEE ne propose pas de données plus récentes que 2018.


A propos de l’auteur

Thomas Joubert est doctorant à l’université Paris 2 Panthéon-Assas. Il rédige une thèse intitulée « Les monnaies cryptographiques peuvent-elles concurrencer les monnaies régionales ? » au sein du LEMMA, sous la direction du professeur Sébastien LOTZ.

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