Traduction d’une chronique de Jeff John Roberts publiée le 10 avril 2021 sur decrypt.co. Une bataille réglementaire se prépare et le gouvernement fédéral montre les dents. Le Département du Trésor pousse le GAFI [1]à adopter des résolutions anti-crypto et l’IRS [2] lance des enquêtes à tour de bras. Parallèlement, le Congrès ne montre aucun signe qui aille de le sens de l’adoption de mesures de bon sens – telles qu’une exonération fiscale des transactions inférieures à 200 dollars – qui rendraient les cryptos un peu plus attrayantes pour les consommateurs. La situation nécessiterait que l’écosystème, uni dans un lobby solide, fasse pression pour obtenir des propositions politiques claires. Hélas, le secteur est embourbé dans des
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Traduction d’une chronique de Jeff John Roberts publiée le 10 avril 2021 sur decrypt.co.
Une bataille réglementaire se prépare et le gouvernement fédéral montre les dents. Le Département du Trésor pousse le GAFI [1]à adopter des résolutions anti-crypto et l’IRS [2] lance des enquêtes à tour de bras.
Parallèlement, le Congrès ne montre aucun signe qui aille de le sens de l’adoption de mesures de bon sens – telles qu’une exonération fiscale des transactions inférieures à 200 dollars – qui rendraient les cryptos un peu plus attrayantes pour les consommateurs. La situation nécessiterait que l’écosystème, uni dans un lobby solide, fasse pression pour obtenir des propositions politiques claires. Hélas, le secteur est embourbé dans des schismes et des luttes intestines – une situation qui se traduit par le nombre impressionnant de groupes qui prétendent parler au nom des cryptos.
Cette semaine encore, un nouveau groupe a vu le jour à Washington. Il a été lancé par deux des plus grands noms de la crypto, Coinbase et le fonds d’investissement Paradigm, ainsi que deux poids lourds des fintech : Fidelity et Square. Ensemble, ces entreprises envisagent de promouvoir les monnaies numériques auprès des législateurs sous la bannière d’un groupe professionnel baptisé Crypto Council for Innovation (CCI).
À première vue, l’avènement du CCI – soutenu par quatre sociétés riches et influentes – semble être une bonne nouvelle pour le secteur. Les sceptiques, cependant, disent qu’au lieu de soutenir la cause, le CCI accentuera encore l’esprit de factions qui a longtemps affaibli le secteur face à Washington.
Le Crypto Council for Innovation est au moins le sixième groupe de professionnels de la crypto qui opère dans la capitale, à côté d’autres lobbys importants comme la Blockchain Association – que Coinbase a d’ailleurs quitté l’été dernier – et Coin Center, un centre de recherche à but non lucratif. Il faut également compter l’Association for Digital Assets Markets, une organisation assez peu active soutenue par un ancien dirigeant de Ripple, et la Digital Chamber of Commerce, qui est parvenue à rassembler de nombreux membres, mais que les critiques dépeignent comme une simple opération de marketing au profit de grandes entreprises surfant sur la mode de la blockchain. Également sur la liste, une initiative appelée Virtual Commodities Association, lancée par les jumeaux Winklevoss en 2018, presque moribonde aujourd’hui.
En théorie, davantage de groupes professionnels devraient signifier plus d’influence pour le secteur des cryptos. Mais ceux qui connaissent les rouages de Washington affirment que c’est le contraire qui va se produire. L’écho d’une voix supplémentaire rendra plus inaudible les messages adressés au Congrès, et le fractionnement des fonds entre plusieurs organisations ne facilitera pas le travail d’influence.
Les partisans de la Blockchain Association s’en prennent à Coinbase et Paradigm, les accusant d’arrogance. Ceux du CCI affirment qu’un nouveau groupe de pression est nécessaire car les lobbys n’ont pas réussi à exercer une réelle influence ou à changer l’image des cryptomonnaies qui, à Washington, ne sont perçues que comme des outils de blanchiment d’argent. Ils affirment également que la Blockchain Association a commis une erreur fatale en accueillant Binance US – une décision qui a permis au groupe d’empocher une cotisation de 250 000 $, mais qui aurait inquiété les législateurs en raison des liens potentiels de Binance avec la Chine.
Les deux factions – les partisans du CCI et ceux de la Blockchain Association – présentent de bons arguments. Mais ce schisme ne pouvait pas arriver à un pire moment pour le secteur des cryptos : le gouvernement américain se montre de plus en plus menaçant et les entreprises du secteur doivent présenter un front uni. Au lieu de cela – comme cela s’est produit depuis 2014, lorsque la Bitcoin Foundation s’est effondrée, rongée par des luttes intestines et des faits de corruption – les plus grands acteurs des cryptos sont incapables de travailler ensemble.
Ce n’est pourtant pas une fatalité. Les « Big Tech » , malgré les rivalités acharnées de Google, Amazon et Facebook, parviennent à se réunir sous un même drapeau pour pousser les politiques favorables à leurs business. « C’est ce que font les industries matures », affirme un partisan de la Blockchain Alliance.
La crypto n’est pas un secteur mature, bien sûr, mais elle le deviendra peut-être avec le temps. Pour le moment, cependant, les entreprises « crypto », quel que soit leur business, n’ont d’autre solution que de trouver d’urgence un moyen de gagner de l’influence à Washington – avant que le gouvernement américain n’annule une grande partie de ce qu’elles ont construit.
Source : decrypt.co
[1] « Groupe d’action financière » ou « Financial Action Task Force », organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
[2] L’Internal Revenue Service est l’agence du gouvernement fédéral des États-Unis qui collecte l’impôt.