Pierre Person, député de Paris, a participé hier à la conférence de l’Adan autour des Stablecoins : « Dans le cadre de l’événement “Stablecoins” de l’ADAN , j’ai souligné ce moment charnière. Les crypto-actifs et la blockchain ne sont pas une histoire de spéculation ou de geeks idéalistes. Il se joue derrière cela la souveraineté économique et monétaire de l’Europe : Souveraineté économique tout d’abord, car l’innovation d’aujourd’hui sera la prospérité de demain. Or en Europe, nous pouvons nous féliciter d’avoir les meilleurs cadres juridiques mais qui ne s’appliquent pas (suffisamment) aux meilleures entreprises américaines. Nous régulons les initiatives étrangères au lieu d’être le berceau du capital risque et de l’innovation.
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Pierre Person, député de Paris, a participé hier à la conférence de l’Adan autour des Stablecoins :
« Dans le cadre de l’événement “Stablecoins” de l’ADAN , j’ai souligné ce moment charnière. Les crypto-actifs et la blockchain ne sont pas une histoire de spéculation ou de geeks idéalistes. Il se joue derrière cela la souveraineté économique et monétaire de l’Europe :
Souveraineté économique tout d’abord, car l’innovation d’aujourd’hui sera la prospérité de demain. Or en Europe, nous pouvons nous féliciter d’avoir les meilleurs cadres juridiques mais qui ne s’appliquent pas (suffisamment) aux meilleures entreprises américaines. Nous régulons les initiatives étrangères au lieu d’être le berceau du capital risque et de l’innovation. Il se joue une rupture de concurrence quand des entreprises françaises ne peuvent pas entreprendre ce que des entreprises étrangères font illégalement sur notre sol [1].
Plus encore, quoi que nous pensions du rôle des banques centrales, de leur politique et de leur gouvernance, l’Europe ne peut garantir l’intérêt général des européens sans une souveraineté monétaire forte, qui ne laisse pas ses citoyens dépendants d’acteurs étrangers. Or si les crypto-actifs, Bitcoin en tête, connaissent un développement exponentiel, alimenté par la politique monétaire expansionniste, traduisant une démocratisation de ces nouveaux actifs à travers le monde, il ne saurait cacher ce qui se joue derrière ce nouveau cycle. Nous assistons à une course à l’armement monétaire qui décidera des rapports de force de demain entre les grandes zones monétaires de ce monde. Nous devons rapidement définir une politique ambitieuse et volontariste sur la question des stablecoins et de la DeFi.
Le positionnement de la Banque Centrale Européenne qui consiste à freiner les stablecoins privés en attendant l’émission d’une monnaie digitale de banque centrale (MDBC) est mortifère. Aujourd’hui le nouveau monde financier est largement dominé par le dollar. Ce monopole sera irrattrapable. Les plateformes d’échanges crypto sont aujourd’hui plus valorisées que les grandes banques françaises. Ces plateformes, américaines ou chinoises, seront les banques de demain. Pour 30% de la population mondiale débancarisée, elles offriront les services financiers du futur.
A la différence du cycle de 2017, la Finance décentralisée (DeFi) est le nouvel entrant après les ICO. Il constitue le berceau des banques et places de marché décentralisées, autonomes et désintermédiées du futur (moins de frais et de frictions ; plus de transparence). Vouloir réguler de la même manière une banque physique et un DEX, qui n’est que du pur code et n’ayant parfois pas d’entité morale ; est une gentille fiction. Nous devons collectivement réfléchir à modifier nos approches à l’unique fin de protection des consommateurs.
Dès 2017, j’ai travaillé à ce que nos acteurs crypto puissent ouvrir un compte bancaire. Nous devons nous assurer de l’effectivité du droit au compte de ces entreprises, que nous avons voté en 2019, mais qui ne semble pas avoir été entendu par les banques aujourd’hui. Si la frilosité des banques françaises était compréhensible face à l’extraterritorialité des sanctions US, elle ne l’est plus à l’heure où les régulateurs américains envisagent les premières banques commerciales autonomes et où les ETF crypto sont soumis à régulation.
Pour garantir le développement de champions français, nous devons assurer le financement de ces entreprises innovantes, réduire les barrières à l’entrée en matière de coûts de compliance et anticiper les révolutions à venir. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, si nous ratons l’innovation du monde monétaire et financier de demain, nous subirons l’hégémonie des GAFAM de la monnaie et de la finance avec une mise à mal de notre modèle économique et de notre souveraineté.«
Source : twitter.com/Pierr_Person
[1] Contrairement aux plateformes françaises, les plateformes étrangères (en particulier les leaders du secteur : Kraken, Binance, Coinbase…) n’ont pas besoin d’être enregistrées en tant que PSAN pour servir des clients français. Il n’y a cependant rien d’illégal là-dedans tant que ces sociétés n’ont pas de bureau en France ou qu’elles ne ciblent pas spécifiquement le public français.